Robert Adams, The New West, Steidl, 2015
Photographs and text copyright © 1974 Robert Adams
Book published by Steidl 2015 www.steidl.de
Robert Adams, The New West, Steidl, 2015
Farmroad and cottonwood. South of Raymer. The New West, © Robert Adams, Steidl 2015
Robert Adams, The New West, Steidl, 2015
Along Interstate 25. The New West, © Robert Adams, Steidl 2015
Robert Adams, The New West, Steidl, 2015
Pikes Peak Park, Colorado Springs. The New West, © Robert Adams, Steidl 2015
Robert Adams, The New West, Steidl, 2015
Colorado Springs. The New West, © Robert Adams, Steidl 2015

Robert Adams. The New West. Steidl, 2015

Photographs and text copyright © 1974 Robert Adams

Book published by Steidl 2015 www.steidl.de

Nous commençons aujourd’hui à réaliser qu'il n’existe plus de nature vierge. Le constat est sans doute triste, mais l’accepter est peut-être salutaire. A mesure que ce constat s'empare fermement de notre conscience, il devient évident qu'une attitude d’acceptation généreuse envers la nature exige d’apprendre à partager la terre non seulement avec la glace, la poussière, les moustiques, les étourneaux, les coyotes et les faucons, mais aussi avec d'autres personnes.

John Szarkowski , préface à The New West (1974) - traduction Jeu de Paume

Beaucoup de gens se demandent, en pointant du doigt d’un air incrédule une rangée de pavillons et de panneaux d’affichage : pourquoi prendre ça en photo ? La question paraît simple, mais elle soulève un problème difficile à résoudre : pourquoi faudrait-il n’ouvrir les yeux que dans des lieux restés vierges, comme les parcs nationaux ?
Une des réponses est évidemment que l’on ne vit pas dans des parcs, et qu’il faut améliorer ce qui nous entoure, et, pour cela, il faut regarder la réalité en face. Il faut voir, par exemple, une femme âgée, seule, obligée de traverser un parking de plus de vingt hectares en portant ses provisions dans la chaleur du mois d’août. Et là on comprend, loin des mensonges lénifiants des profiteurs, qu’il faut repartir à zéro. Paradoxalement, toutefois, il faut voir aussi l’ensemble du contexte géographique – naturel ou construit par l’homme – pour éprouver un sentiment de paix. Toute terre – peu importe ce qu’on lui a fait – a en elle une grâce, une beauté qui persiste dans l’absolu.

Robert Adams , The New West, 1974 - Traduction Jeu de Paume, 2014

Dans mon panthéon de la photographie américaine classique, « The New West » est à placer à côté de : « American Photographs » de Walker Evans, « Les Américains » de Robert Frank ou de "Uncommon Places" de Stephen Shore.

Publié pour la première fois en 1974, The New West est devenu un classique car il marque un changement dans la façon d’appréhender la photographie des paysages américains. Avant cela, les photographes tels Ansel Adams ou Edward Weston cherchaient à magnifier la nature. Robert Adams choisit au contraire de nous montrer l’empreinte de société américaine sur la nature aux alentours des montagnes Rocheuses du Colorado.

"The New West" est un témoignage de la transformation de la nature par l’Homme, de l'étalement urbain dans le paysage de l'Ouest américain et du rétrécissement de la nature sauvage.

Tout paysage, peu importe ce qui s'y est passé, a une certaine grâce, une beauté absolument persistante.

Robert Adams

« The New West » se compose de cinq séries : Prairie, Tracts ans Mobile Homes, The City, Foothills, Moutains. Cet inventaire nous montre avec une certaine distanciation et sans présence humaine ou presque, des routes, des panneaux publicitaires, des habitations, des centres commerciaux, des tags sur des rochers... et se termine sur une photographie d’un petit cimetière de pionniers.

Au delà du constat, c'est la beauté du paysage préexistant qui se révèle. La gamme de gris des photographies illustre une décoloration du paysage sous la lumière du soleil du Colorado et renforce le souvenir de ce qui était.


Robert Adams. Que croire là où nous-sommes ?
Robert Adams. Que croire là où nous-sommes ?
Longmont, Colorado,1979, Robert Adams, Épreuve gélatino-argentique, 12,5 x 12,5 cm. Yale University Art Gallery, acquisition grâce à un don de Saundra B. Lane, une subvention du Trellis Fund et du Janet and Simeon Braguin Fund. © Robert Adams. Courtesy Fraenkel Gallery, San Francisco et Matthew Marks Gallery, New York

Robert Adams. Que croire là où nous sommes ?

Photographie de l'ouest américain. Josuha Chuan, Jeu de Paume, La Fabrica, 2014

Ce livre accompagne une exposition au Jeu de Paume dont le titre provient de la préface de John Szarkowski à The New West (1974).

Le paysage est, pour nous, l’endroit où nous vivons. De sorte que si nous en avons fait mauvais usage, nous ne pouvons pas le rejeter sans nous rejeter nous-mêmes. Si nous l’avons maltraité, si nous avons dégradé son état, si nous y avons érigé des monuments à notre ignorance, il reste malgré tout notre lieu de vie. Et avant d’aller plus loin, nous devons apprendre à l’aimer.

John Szarkowski , préface à The New West, 1974 - Traduction Jeu de Paume, 2014

Comme beaucoup de photographes, j’ai commencé à prendre des photos par envie d’immortaliser des motifs d’espoir : le mystère et la beauté ineffables du monde. Mais, chemin faisant, mon objectif a aussi enregistré des motifs de désespoir et je me suis finalement dit qu’eux aussi devaient avoir leur place dans mes images si je voulais que celles-ci soient sincères et donc utiles.

Robert Adams , préface à l'exposition

Chroniqueur infatigable des dommages provoqués par l’intervention humaine (urbanisation rapide, exploitation des ressources naturelles, globalisation...) sur les paysages autrefois immaculés. Pour autant, il persiste à chercher la poésie des lieux qu’il traverse, jusque dans leur trivialité.

Une photographie documentaire de l’ouest américain sensible qui montre les impacts de notre relation avec la nature… Une apparente neutralité d’approche. La beauté des grands espaces, de l'ordinaire, du vide...

La Beauté qui m’occupe est celle de la Forme. La Beauté est, à mon avis, synonyme de la cohérence et de la structure sous-jacentes à la vie...

Robert Adams , Essai sur le Beau en photographie, Édition Fanlac, 1996, p.43

à propos de Robert Adams

1937 -

C’est un des plus grands photographes américains contemporains ! Il a un discours, ses textes et ses interviews sont d’une grande clarté, son engagement important. J’aime bien son romantisme et ses paysages.

Raymond Depardon , Rencontres d'Arles, 2016.

Robert Adams est né à New Jersey in 1937. Il vit et travaille dans le Colorado. C'est un témoin de la transformation de l'ouest américain, de la relation entre l'Homme et la nature qui recherche la beauté dans les paysages dégradés. Il nous montre les paysages d'une Amérique telle qu'elle est aujourd'hui avec ses contradictions ses motifs d'espoir et de désespoir.

En 1975, William Jenkins organise l'exposition « The New Topographics : Photographs of a Man-Altered Landscape » (« Nouvelles topographies : Photographies du paysage modifié par l'Homme. ») à la George Eastman House de Rochester dans l'état de New York. Il y invite Robert Adams, Lewis Baltz, Bernd et Hilla Becher, Joe Deal, Frank Gohlke, Nicolas Nixon, John Schott, Stephen Shore et Henry Wessel Jr.

L'accueil du public ne sera pas très enthousiaste mais ce sera le point de départ d'un mouvement artistique qui aura une profonde influence sur la photographie documentaire. C'est le moment où la photographie de paysage rejoint le style documentaire initié par Walker Evans (« je veux être une machine ») en adoptant une approche descriptive, et neutre.

Les images de Robert Adams font aussi penser aux « Twentysix gasoline stations » de Ed Rusha qui fut pressenti pour participer à l'exposition « The New Topographics ».

Le lecteur intéressé par ce mouvement artistique pourra consulter le livre « New Topographics », Britt Salvesen, Steidl Verlag, 2013